De moins de moins de crédits immobiliers dans le surendettement des ménages.
- marcgundermann5
- 27 oct. 2023
- 3 min de lecture
La présence des emprunts immobiliers dans le surendettement des ménages s'est plutôt tassée ces deux dernières années. De quoi alimenter le débat sur un éventuel assouplissement des règles d'octroi des prêts à l'habitat en France.
Les ménages peuvent se tourner vers la Banque de France pour déposer un dossier de surendettement.
Les ménages peuvent se tourner vers la Banque de France pour déposer un dossier de surendettement.
En matière de difficultés financières des ménages , l'immobilier plaide non coupable. Selon des chiffres publiés mardi par la Banque de France, en moyenne les dettes immobilières se retrouvent dans moins d'un dossier de surendettement sur dix traité par l'institution. Cette dernière peut être sollicitée par les ménages en agence, par mail ou téléphone, pour tenter d'obtenir des mesures de réaménagement ou d'effacement.
« Cela ne représente que 10 % des dossiers et sur les deux ou trois dernières années, cela a plutôt tendance à s'éroder. Ce qui veut dire qu'en l'état il n'y a pas de problème important de surendettement de personnes qui ont souscrit un crédit immobilier », estime Mark Béguery, directeur des particuliers à la Banque de France. La part des dettes immobilières dans les dossiers a grimpé jusqu'à 12,6 % fin 2021, avant de retomber à 11,3 % fin 2022, indique le dernier baromètre de la Banque de France sur l'inclusion financière. Il s'est même replié à 9,6 % à fin septembre 2023, selon des données provisoires.
« Nous avons depuis longtemps en France un modèle de distribution du crédit immobilier qui est assez robuste puisque [la production] a fortement augmenté ces dix dernières années et en même temps il y a très peu de sinistralité », poursuit Mark Béguery.
Débat sur l'octroi de crédit
Une donnée intéressante au moment du débat sur les critères d'octroi de crédits immobiliers : faut-il, comme le souhaite le Haut conseil de stabilité financière (HCSF) , maintenir la règle limitant notamment le taux d'endettement des ménages à 35 % des revenus ? Ou, comme l'a suggéré le ministre de l'Economie fin septembre, revoir ce seuil à la hausse afin de relancer la production de prêts qui s'est effondrée ?
« Les mesures prises par le HCSF ces dernières années, cela a toujours consisté à agir à titre préventif principalement pour dire que le modèle de distribution du crédit tel qu'il existe ne doit pas s'arrêter et qu'il faut faire attention à ne pas devenir imprudent », souligne le responsable sans pour autant prendre part au débat.
Plus largement, sur les neuf premiers mois de l'année, 90.454 dossiers de surendettement ont été déposés auprès des guichets de la Banque de France, un chiffre en hausse de 6 % sur un an, précise l'institution. A ce niveau, le surendettement ne fait que se rapprocher des niveaux de l'année 2019, soit l'étiage qui prévalait avant la crise sanitaire. Signal à surveiller, les inscriptions aux fichiers des incidents de paiement (FICP) restent en hausse de 14 % sur les neuf premiers mois de l'année, rejoignant là aussi le niveau de 2019.
Arbitrages dans la consommation
Alors que l'inflation a redémarré dans la zone euro (en particulier courant 2022 et début 2023), ces chiffres - considérés comme plutôt bons - ont pu surprendre au sein de l'institution. Parmi les explications possibles, l'emploi reste bien orienté en France, malgré les incertitudes économiques. Or, il existe une corrélation entre le niveau de chômage et celui du surendettement.
Autre possibilité, la revalorisation du SMIC et les aides des collectivités locales ont pu servir de bouclier à l'inflation, d'autres pointant également des arbitrages dans les modes de consommation.
Les Echos par Edouard Lederer le 17 octobre 2023.
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